Il nous est difficile d’imaginer qu’avant 1840, les gens pouvaient apprendre le décès de leurs proches avec des mois, et même des années de retard.
La transmission d’informations d’une personne à l’autre représentait alors un défi colossal. La lenteur des communications entraînait souvent des catastrophes. Par exemple, des armées s’affrontaient alors que le traité de paix était déjà signé.
Des débuts chaotiques
Au 19e siècle, la révolution industrielle a forcé les pays à créer des systèmes nationaux de poste pour assurer un lien de base entre leurs citoyens, les entreprises, les marchands et les gouvernements. À cette époque, le coût de l’envoi était payé par le destinataire. Les frais étaient calculés approximativement selon la distance parcourue. Cette façon de faire a donné naissance à d’interminables discussions entre les livreurs et leurs clients pour régler le prix de la transaction. De plus, ce système manquait de fiabilité : plusieurs facteurs disparaissent avec l’argent déjà reçus avant d’avoir livré les colis.
Pour contourner les frais de port, plusieurs personnes inscrivaient directement sur l’enveloppe les informations qu’ils désiraient transmettre. Après avoir jeté un regard sur le pli, le destinataire refusait de payer la taxe postale. Le facteur s’en retournait sans avoir reçu aucune rétribution pour son travail.
Dans ce contexte de chaos, la plupart des citoyens hésitaient à utiliser le service postal. Cette situation entraînait un immobilisme de l’information et nuisait à l’économie.
Une solution sur le bout de la langue
En 1840, Rowland Hill, un haut fonctionnaire britannique, a l’idée de créer des vignettes à coller sur les enveloppes afin que la taxe postale soit payée au départ et non à l’arrivée. Il proposa que le prix d’un envoi de base soit abaissé à 1 penny — soit environ 50 fois moins que les tarifs habituels de l’époque — sans égard à la distance parcourue à l’intérieur du pays. Le tout premier timbre-poste, baptisé le Penny-Black, de couleur noire, représentait la reine Victoria de profil à l’âge de quinze ans.
Limiter la fraude
Afin de réduire les contrefaçons, le système postal adopta les mêmes techniques d’impression sécuritaires que celles utilisées pour la fabrication de la monnaie nationale. De plus, les imprimeries inséraient des lettres de contrôle dans le coin inférieur de chaque timbre.
Plutôt que de les copier, les fraudeurs tentèrent de les réutiliser plus d’une fois. Le gouvernement britannique réagit à cette manœuvre en apposant un tampon sur le timbre